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Semi de Beaune

Publié 20 Novembre 2013 par Thomas Diconne in route

Semi de Beaune

A peine cinq jours après les lieues foreziennes me voilà de retour sur mes chères terres bourguignonnes pour le semi de la vente des vins des hospices de Beaune. Ce sera aussi l’occasion d’une chouette sortie club avec un week-end plus gastronomique que sportif : un resto prévu le soir, une tournée des caves le lendemain ainsi qu’un ravitaillement au bœuf bourguignon. Autant dire que ma sveltesse risque d’être remise en question…

Avec mes bonnes sensations sur courtes distances de ces dernières semaines je suis remonté comme une pendule, je me sens les jambes de faire tomber mon record et de passer sous la barre des 1h20. A une semaine d’un marathon du Beaujolais où je ne compte pas faire que de la figuration, l’idée n’est pas des plus brillantes mais je suis vraiment excité à l’idée de courir chez moi, dans des coins que j’ai arpentés maintes fois à vélo. Seule petite inquiétude : le parcours risque de ne pas être franchement plat, ce n’est pas pour rien qu’on parle des « côtes de Beaune »… Pour confirmer mes soupçons openrunner m’annonce à 276m de D+ avec de bonnes petites côtes sur la fin de parcours. Je suis certes remonté mais je reste lucide : c’est pas gagné ! Bref, je vais partir sur une bonne allure, ensuite je verrais comment tout cela évolue et j’aviserais en route.

Après une courte matinée en famille ponctuée d’une tournée de pâtes sur le coup de 11h du matin me voilà en route pour Beaune. J’ai 2h30 devant moi pour faire une quarantaine de minutes de route, aller chercher mon dossard et m’échauffer tranquillement. No stress ! J’emprunte les petites routes le long du parcours afin de me mettre dans l’ambiance. Je repère les toitures bourguignonnes de Meursault, le clocher de Pommard, les coteaux que je vais bientôt traverser… J’ai le sourire jusqu’aux oreilles, voilà bien longtemps que je n’ai pas été aussi content de courir un semi !

J’arrive finalement à Beaune, jouant à domicile je n’ai pas eu la bonne idée de regarder d’où était donné le départ… Face à la forte affluence de ce samedi après-midi et n’étant pas féru des artères beaunoises je me gare sur le premier emplacement libre que je trouve. Il est 12h15, j’ai plus que largement le temps de chercher ! Je repère rapidement un panneau indiquant les inscriptions et me mets en route. Je fais le tour de la rocade intérieur de la ville, c’est long et guère palpitant, les minutes s’égrènes et j’ai l’impression de ne pas vraiment me rapprocher. Je jette quelques regards anxieux à ma montre, je commence à avoir peur d’arriver en retard. Ma balade se poursuit, je quitte le centre-ville pour me diriger à travers un lotissement, quelques coureurs sont sur le chemin du retour munis de leur dossard. J’aimerais bien faire de même… Je continue, je commence à me cailler sévèrement et j’ai hâte d’arriver… Je croise Claude qui a fait le déplacement de Lyon, il me dit que j’ai encore de la route… Un peu plus loin une fille commence à papoter avec moi, elle aussi en a marre de marcher, je lui réponds que ça fera office d’échauffement. Pour sa part elle ne s’échauffe pas avant un 10km « tellement c’est long ». Elle m’explique ensuite qu’elle court le 1500m, me voilà rassuré ! Pour moi le 10 comme le semi sont plus de l’ordre du sprint… Finalement elle part en trottinant, ayant peur d’être en retard. Face au froid ambiant je ne tarde guère à l’imiter.

Après un petit trot d’un kilomètre environ je tombe enfin sur le forum des sports, hourra! Je déchante rapidement, c’est bondé… Je tombe par hasard sur les copains du club qui vont à la consigne, je prends la direction opposée pour aller récupérer mon dossard. M’attendant à trouver le traditionnel panneau d’affichage je tombe une nouvelle fois des nues : les feuilles sont placardées sur un mur dont l’accès est bouché par la voiture d’un sponsor, un énorme attroupement m’empêche d’approcher, les gens se bousculent, s’énervent et n’arrangent pas le problème, l’organisation semble à la rue. Je parviens à m’approcher : les feuillets ne sont pas dans l’ordre, impossible de s’y retrouver… Je finis par tomber sur la fiche supposée abriter mon numéro de dossard mais voilà que je n’apparais pas ! Petit coup de chaud… Vite, je vais voir plus loin afin de trouver un bénévole, je assez remonté. Je finis par tomber sur une petite dame qui, armée de ses fiches, parviens à me retrouver sur le listing. Ouf ! Plus qu’à aller chercher mon petit morceau de papier, me mettre en tenue et retrouver les autres. La pression retombe d’un seul coup…

Me voilà à peine en possession de mon dossard que je tombe sur tout le petit groupe : Yamina et Alain, Cécile et Vincent, Paco, Patrick, Séverine et Régis, Françoise et Jean-Claude, Yann, Jean… La fine fleur de l’AAAL est là ! Pas de temps à perdre, je me mets en tenue et récupère un poncho fourni par l’organisation pour affronter le froid en attendant le départ. (Premier bon point pour eux !) Je file poser mon sac à la consigne et c’est parti pour l’échauffement. Nous trottinons pour rejoindre la ligne de départ, avec plus de 2000 coureurs annoncés mieux vaut être bien placés…

Nous arrivons un peu avant le départ du 10Km, il y a déjà foule… Nous nous faufilons près des barrières au niveau de la ligne de départ, près à sauter par-dessus dès que les coureurs seront partis. Les organisateurs ne sont pas pressé, le speaker s’écoute parler et semble content d’être là, il passe le micro aux invités de renom, Tony Estanguet et Fabrice Guy puis c’est au tour du maire de prendre la parole. Bref, le départ prend du retard et tout ce petit monde semble apprécier ce moment d’autocongratulation ; les coureurs, commençant à siffler n’ont pas l’air de cet avis… Finalement avec près de 10 minutes de retards les hautes instances se décident à libérer les coureurs.

Ni une ni deux nous sautons la barrière et nous plaçons sur la ligne. L’idée n’a pas germé que dans nos têtes, de nombreux coureurs font de même et nous voilà déjà serrés comme des maquereaux. Le temps s’écoule lentement et pas mal de monde nous passe devant, nous nous faufilons de nouveau vers l’avant. J’en profite pour aller trottiner encore un peu afin de ne pas trop me refroidir. Je tombe sur Cécile et Séverine qui m’indiquent de faire attention car il y a une fourche après 50m : une moitié du peloton prendra à gauche tandis que l’autre prendra à droite avant de rejoindre un virage vers la gauche. Ayant bien noté ce détail je retourne me placer sur la ligne et indique aux copains de se placer bien à gauche de la ligne afin d’éviter les mauvaises surprises. Devant nous les élites commencent à se placer, je repère une fille avec le dossard 10 et plaisante à son sujet « tiens, je crois que j’ai trouvé mon lièvre ! »

Semi de Beaune

Pendant ce temps-là les discours ont repris, l’heure est déjà dépassée et tout le monde s’impatiente. Une nouvelle fois je suis entouré de gens qui semblent s’être égarés, si certains coureurs autour de moi semblent avoir les 1h20 pour objectif, d’autres, d’un certain âge et pas vraiment affutés semblent au bord de la panique… Comme la petite dame à ma gauche toute proche de défaillir, je ne le sens pas ce départ… Finalement après un rapide banc bourguignon les fauves sont enfin lâchés.

Semi de Beaune

Mon sentiment était le bon : ça part de tous les côtés, ça bouscule, un coureur juste devant moi lève les bras au ciel et erre, paniqué, au milieu du troupeau. Ça sent la grosse chute dans le secteur ! Je joue un peu des coudes pour m’extirper de la mêlée et commencer à courir. Ouf, je m’en suis sorti !

Me voilà enfin en route, Yann juste devant moi. Nous zigzaguons au milieu des coureurs le temps de nous placer, la route est large et permet de dépasser aisément. Rapidement nous remontons sur Patrick qui est parti comme une fusée. Il était planqué derrière l’arche et a dû rester aux avant-postes jusqu’au coup de pétard. Une petite blague au passage quant à son départ canon et je repars de l’avant sur une bonne allure.

Autour de moi le paysage de coureurs commence à se stabiliser, outre Yann qui m’accompagne depuis le début un petit groupe de coureurs du cru qui papote gaiement est resté avec nous, quelques autres mobylettes viennent se greffer sur notre petit groupe, en avant !

Nous quittons très vite Beaune pour emprunter les routes agricoles, plus empruntées par les tracteurs que les voitures. Pas bien large mais très agréable. Nous évoluons au milieu des vignes qui ont perdu toutes leurs feuilles, contrairement à 30km au sud, c’est un peu tristounet… Dommage que la course ne se déroule pas trois semaines plus tôt, les coteaux ne seraient qu’un dégradé de jaune et rouge… La route n’est pas tout à fait plate et j’essaie d’adapter mon rythme au relief, plus relâché lorsqu’il faut monter, plus appuyé quand je peux rouler. Je fais le yoyo devant le reste du groupe, plus régulier. Au détour d’un virage j’aperçois la tête de course, ils ne sont pas bien loin mais cela ne va pas durer…

Après un kilomètre Yann m’annonce notre temps : autour de 3’40, parfait ! Ni trop rapide, ni trop lent. Ayant oublié ma montre la semaine dernière dans la salle de bain de mon frère à St Etienne je navigue à vue aujourd’hui, armé d’une simple montre chrono. Pas évidement pour mesurer l’évolution de mon allure… Me sentant bien je décide de lever légèrement le pied et de tâcher de rester proche de cette allure tant que le relief me le permettra. Autour de moi j’entends des habitués dire que la course commence après Meursault : je me prépare au pire !

Semi de Beaune

En dehors de notre petit groupe le rythme général me parait assez saccadé, je vois régulièrement passer des coureurs avant de les reprendre peu de temps après. Pour ma part je me sens bien, plutôt régulier. Le profil légèrement montant ne me demande que très peu d’effort. Sur une route au-dessus de nous j’aperçois les coureurs du 10km en train de rentrer au bercail. La route me semble bien loin au-dessus de nos têtes, je pressens un retour compliqué… Je n’en suis pas encore là, pour le moment je préfère me concentrer sur l’instant présent : mieux vaut ne pas penser trop loin sur ce type d’effort, rien de tel pour se couper les jambes…

Je poursuis ma route sans trop songer au chrono mais en essayant de me concentrer plutôt sur mes sensations, j’essaie de pousser autant que possible sur mes jambes sans avoir l’impression de forcer. Ces premiers kilomètres s’avalent à merveille, je suis bien, heureux de courir sur mes terres. Mon petit groupe de départ évolue peu à peu, des coureurs sont partis devant, d’autres, comme Yann commencent à être distancés tandis que de nouveaux font leur apparition. Nous sommes une petite dizaine à nous tourner autour, mais déjà plus personne ne discute. Dommage pour moi, j’ai constaté que j’étais capable de courir plus vite en maintenant un semblant de conversation qu’en me renfermant sur ma souffrance.

Nous arrivons à Pommard où un premier ravitaillement nous attend après seulement 4km, beaucoup sont contents de boire un coup. Pour ma part l’air frais me suffit, je sais que j’irais au bout sans faire de pause. Mon petit groupe se disloque quelque peu, je continue sur ma lancée. Une flèche bleue indique que le 10 et le semi se séparent ici, dommage pour eux, ils ne profiteront pas de Meursault… Je poursuis ma route au milieu des vignes après avoir traversé le village où les encouragements nous attendaient. Je suis surpris d’en être déjà là, le temps passe très vite en ce début de course !

Autour de moi mon groupe se reconstitue peu à peu avec de nouveaux coureurs alors que nous abordons une petite descente en sens inverse, peu après le 5ème kilomètre. J’en profite pour regarder les coureurs qui me suivent et essaie de repérer Yann. Il a déjà une bonne centaine de mètres de retard, sauf problème je ne le reverrai pas. Après un second virage assez sec nous retrouvons le plat et reprenons la direction de Meursault. Cette fois le petit train commence à prendre une dimension plus solide, si nous étions à la queue leu leu au début nous sommes à présent bien regroupés et occupons toute la largeur de la route alors que nous commençons à descendre tranquillement.

Semi de Beaune
Semi de Beaune

Nous sommes vite rejoins par trois filles lancées comme des bolides dont le fameux dossard 10 repéré sur la ligne. J’apprendrais plus tard qu’il s’agit d’une ougandaise, d’une burundaise et d’une russe. Les trois gazelles passent devant, d’un accord tacite notre petit groupe leur emboite le pas. Nous voilà devenus les gardes du corps de ces dames.

Quelques promeneurs sont au bord de la route et y vont bon cœur avec les « Aller les filles ! », on repassera pour le groupe de mecs qui les encadre… La russe est bien encadré par les deux africaines, les filles dégagent une impression de facilité, on est dans le round d’observation. Peu de temps après le trio de tête est rejoint par deux poursuivantes un peu plus marquées, nous les laissons passer afin qu’elles puissent jouer un peu la bagarre. Autour de moi les visages sont crispés, personne ne parle et on ne s’amuse pas franchement… J’y vais de mon petit commentaire afin de mettre un peu de vie dans tout ca, « 5 filles pour jouer le podium, ca ne va pas rigoler longtemps… ». L’une des deux nouvelles me fait signe qu’elle est proche de la rupture. Pas beaucoup de réactions autour… Bref, l’ambiance n’est pas à la fête…

Après une petite bosse mon lièvre attitré se retourne et place une petite accélération, l’autre africaine et la russe suivent sans coup férir, les deux autres filles sont décrochées ainsi que le petit peloton masculin. Je lâche un nouveau commentaire, autour de moi les gars semblent un peu plus causants. « Les filles, attendez nous ! » et autres commentaires du genre sont de la partie.

Après avoir haussé le ton les filles ralentissent et nous permettent de recoller. Chez les poursuivantes le mal est fait, l’une des deux est définitivement décrochée. Chez les garçons il y a eu moins de casse, tout le monde est là. La petite descente se poursuit paisiblement, les kilomètres défilent, déjà 8 ! Je lance un « Bientôt Meursault et le petit blanc ! » afin de ne pas laisser retomber l’ambiance. L’un des coureurs a l’air communicatif, après le rouge il me déconseille le blanc, référence à notre dicton local.

Semi de Beaune

Les spectateurs continuent d’encourager les filles mais pas les gars, un peu lassés de ce traitement de faveur nous commençons à les haranguer afin de récupérer quelques lauriers. Nous finissons par sortir des vignobles pour retrouver quelques maisons. Nous pénétrons dans le parc du château pour le second ravitaillement. Seules les trois filles et moi passons tout droit, mes autres compagnons de route s’arrêtent le temps de boire un coup, sonnant le glas de notre équipée. Les filles attrapent des gobelets au vol et s’arrosent, j’essaie de passer entre les gouttes pour ne pas prendre froid. N°10 ne s’embarrasse pas et me jette son gobelet dans les pieds, la petite remarque cinglante est toute proche mais je laisse passer pour cette fois…

Semi de Beaune
Semi de Beaune

Nous sortons de la cours du château et nous retrouvons les rues de Meursault, c’est parti pour la grimpette ! Nous traversons une petite cours, Tony Estanguet nous attend là et nous applaudit au passage, si c’est pas la classe… A peine de retour dans le village que voilà le panneau des 10km, premier coup d’œil à ma montre depuis bien longtemps : 37’35 ! Génial, plus rapide qu’au 10 de Bonson lundi ! Je calcule rapidement, si la seconde partie se déroule de la même manière je peux passer sous les 1h19 ! Bon, je ne m’enflamme pas, si ça monte dur je vais prendre un coup d’arrêt…

Un coureur et la 4ème fille nous rejoignent avant d’attaquer la montée vers les hauts de Meursault, le rythme baisse assez nettement, ça monte assez fort. Le coureur qui vient de recoller décroche peu à peu, les filles ne sont plus vraiment au round d’observation, tout le monde souffle pas mal dans cette grimpette. Le gros point positif est qu’il y a du monde pour nous encourager dans cette petite côte. Celle-ci n’a rien de monstrueux mais est suffisamment longue et pentue pour bien nous ralentir.

Nous sortons du village et retrouvons les rangs de vigne, en revanche la petite côte a décidé que la fête n’était pas terminée, je commence sérieusement à dérouiller et attends avec impatience la descente. Autour de moi personne n’est à la fête et le vent est de la partie pour nous mener la vie dure. Je me porte à l’arrière du groupe et laisse les gazelles m’abriter, finalement le dossard 10 m’aura bel et bien servi de lièvre !

Semi de Beaune

Au bout d’un long moment nous finissons par basculer, ouf ! Je ne cherche pas à mettre un gros rythme et profite de la descente pour me refaire une santé. Les africaines ne semblent pas de cet avis, elles encadrent la russe, se jettent un coup d’œil et partent tambour battant. Leur proie leur tient la dragée haute, en revanche la 4ème féminine et moi décrochons, me voilà seul… Je descends à la cool, me préparant à bientôt rentrer dans le dur pendant que les filles creusent rapidement l’écart. Un coup d’œil autour de moi m’indique que je ne suis pas près de trouver du soutien : plus personne à l’horizon, mince ! Pour tromper la solitude je regarde à droite à gauche et repère l’arrière de la course qui passe en contrebas, j’ai plus de 5km d’avance sur eux !

Je finis par rattraper mon lièvre, victime d’un décrochage de lacet, elle semble assez énervée et vois déjà le gros chèque lui passer sous le nez. Je n’ai pas ces problèmes de riche, mais je déchante aussi : nous arrivons à Volnay et nous allons emprunter la rue qui remonte le village, autant dire que c’est raide… J’essaie d’oublier les cuisses qui tirent pour me concentrer sur ce qui m’intéresse vraiment : le paysage. Je repense à mes balades à vélo, vivement les beaux jours que je revienne sur ces terrains de jeu ! Cette montée n’a rien de rigolo, elle vient une nouvelle fois casser mon rythme et m’oblige à faire monter le cardio à un rythme pas franchement agréable. Heureusement celle-ci est de courte durée et les habitants sont dans la rue pour nous encourager, c’est déjà ca ! Dossard 10 repasse devant moi comme une furie, elle va devoir cravacher pour recoller… La quatrième me colle toujours au basque, elle tire la langue mais ne décroche pas, c’est qu’elle en veut !

Semi de Beaune

Nous entamons à présent une petite descente, nez au vent qui ne me permet pas de me refaire comme je le souhaiterais, je commence à abandonner toute ambition chronométrique et me concentre sur l’essentiel : ne pas coincer et sauver les meubles. L’allure est toujours très bonne, je suis loin d’agoniser mais je sais que le temps perdu dans les deux premières montées ne pourra pas être récupéré. Autant être réaliste et en garder sous le pied pour le week-end prochain et le Beaujolais. La petite blonde qui me talonnait depuis un moment maintenant en profite pour se faire la belle, je la laisse filer préférant gérer ma fin de course. L’idée n’est pas des meilleures, j’aurais pu profiter d’elle pour m’abriter du vent, finalement je reste tout seul à lutter pour ne pas casser mon allure.

Les kilomètres ne passent plus aussi vite à présent, me voilà au 15ème alors que nous repassons par Pommard et abordons une énième montée assez sèche Un ravito nous attend, fidèle à mon habitude je passe tout droit, me réservant pour le buffet d’arrivée. Les encouragements du public aident un peu mais n’empêchent pas mes cuisses d’être tendues au point d’exploser. J’ai beau avoir avalé des milliers de mètres de dénivelé cette année, grimper en cavalant comme un cinglé ne fait plus partie de mes attributions. J’ai pris l’habitude de monter en confort, impossible de me sortir les tripes ! Tant pis, j’avance à mon allure en essayant de ne pas perdre de terrain sur les coureurs qui me précèdent.

Semi de Beaune

Nous quittons Pommard pour revenir dans les désormais traditionnels rangs de vigne, il y a un peu de monde au bord de la chaussée. Des enfants me tendent la main en espérant que je tape dedans : bing bing bing, je me fais une brochette et trois heureux par la même occasion. Je retrouve le sourire en même temps qu’un peu de plat, le vent dans le nez me gêne légèrement moins, plus que 5 kilomètres, j’aperçois Beaune en contrebas, le moral remonte un peu ! Je me raccroche aux panneaux du 10km qui sont en décalé d’environ 500m par rapport aux nôtres et qui me permettent de quantifier plus facilement ma progression.

Une nouvelle petite bosse à tirer la langue et me voilà dans une petite descente me donnant un bel aperçu de la dernière montée qui se profile… Devant moi j’ai l’impression de voir les gens à l’arrêt. En effet c’est un mur ! Deux bons lacets à dérouiller… Le coin semble l’air réputé, il y a foule, c’est presque l’Alpe d’Huez… Les gens nous encouragent sur le côté, ils doivent bien se marrer devant nos airs déconfits ! Si certains doivent avaler ça sans problème, pour ma part je suis à deux doigts de marcher tant j’ai l’impression d’avoir perdu toute ma vitesse… Les cuisses me brûlent, l’envie de relancer une fois en haut m’abandonne peu à peu. Une fois n’est pas coutume, j’aurais apprécié une course toute plate…

J’arrive finalement à franchir l’obstacle, la relance se déroule mieux que prévu et me voilà lancé dans la descente, enfin ! Même le vent de face n’est pas de taille à m’arrêter, je me laisse rouler dans cette belle descente, je respire ! Encore quatre kilomètres et je serais arrivé, je retrouve la banane. Je regarde ma montre afin de savoir comment gérer ma fin de course : 1h06’15, autant dire que c’est fichu pour les 1h20 ! Je fais un rapide calcul : je devrais en terminer aux alentours de 1h22 sans me faire trop mal. Mine de rien ça descend sec, ça tape. J’essaie d’alléger ma foulée en travaillant sur l’avant du pied pour réduire les chocs. La descente passe trop vite et nous conduit aux abords de Beaune, il y a un peu plus de public à présent. Plus que 3 bornes !

Une petite succession de virages et voilà que je retrouve le plat ainsi que le vent dans le nez, zut ! Je jette rapidement un œil derrière moi, j’ai de la marge. Devant rien d’intéressant à me mettre sous la dent dans l’immédiat, je suis seul. Tant pis. N’ayant plus vraiment d’objectif je suis en roue libre, je maintiens l’effort plus par habitude que par envie sans me pousser dans mes retranchements. Je remarque d’ailleurs que je ne suis pas vraiment essoufflé et que la fatigue est loin de se faire sentir, c’est surtout la lassitude qui m’accable, ce petit vent de face m’aura usé !

L’arrivée approche peu à peu, je me raccroche de plus en plus aux panneaux alors que les spectateurs se font de plus en plus nombreux. Deux kilomètres ! Une longue ligne droite le nez dans le vent me permet de me rapprocher petit à petit d’un coureur en train de souffrir, je dépasse quelques coureurs sur le bord de la route, je n’arrive pas à voir s’ils font leur récup ou s’ils sont en queue de peloton du 10km. Un virage sec en direction de Beaune me permet de ne plus lutter contre le vent pendant quelques centaines de mètres. Cette fois le public est vraiment au rendez-vous, les encouragements font du bien et sentent bon la ligne d’arrivée !

Un nouveau virage et c’est reparti pour une dernière lutte de haut vol contre le vent. Claude est là, m’encourage et m’indique qu’il ne reste qu’un kilomètre. Je retrouve un peu de jus mais n’ayant pas vu le panneau m’indiquant le 20ème kilomètre je suis subitement pris d’un doute. Je commence à en avoir plein les pattes, je ne voudrais pas me faire de fausse joie. Un bruit de pas dans mon dos m’indique que je suis en train de me faire reprendre, je me sens capable d’accélérer mais n’en fais rien, j’ai déjà la tête au Beaujolais. Le coureur revient sur moi tranquillement et passe devant moi dans le dernier virage, j’accroche et dépasse le coureur à la peine que je grignote depuis un petit moment maintenant. A 300m de l’arrivée je suis tenté d’engager le sprint mais n’ayant pas grand-chose à gagner dans l’affaire et l’idée de me blesser me traversant l’esprit je préfère terminer à la cool. Je regarde les secondes s’égrener au chrono, les 1h22 approchent. Hop, je coupe la ligne : 1h21’53 à ma montre, à une minute tout rond de mon record ! Pas si mal que ça finalement ! Pour les 1h20 on repassera mais vu le profil du jour c’était inenvisageable.

Je félicite brièvement le coureur qui vient de me dépasser et file récupérer le sac de fin de course : quelques trucs à grignoter, un assortiment de pansements, vitamines et autres produits pharmaceutique et… une bouteille de côte de Beaune ! Quand même ! Un petit saut par la consigne pour récupérer des vêtements chauds et je retourne au niveau de l’arrivée pour attendre Yann qui ne tarde pas : 1h24’39, lui aussi semble content de son chrono. Direction le ravito à présent où Paco, Alain et Yamina nous attendent à mon grand étonnement. Je commence déjà à me faire des films : une blessure, un malaise ou autre scénario catastrophe, il n’en est rien ! Les trois compères se sont faufilés dans le sas de départ du 10km pensant qu’il s’agissait du semi (retard oblige…). Ils sont assez déçus de leur mésaventure…

Les autres arrivent peu à peu au compte goûte, Vincent, Jean, Régis, Dominique, Jean-Claude, Patrick, Mathieu… Je file me chercher un chocolat chaud et un peu de pain d’épice et me rhabille sans trop tarder, il commence à faire froid… Plus qu’à aller se mettre au chaud et profiter de ce week-end bourguignon !

Semi de Beaune
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