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Saintexpress

Publié 10 Décembre 2014 par Tom in trail

Saintexpress

Après une année noire les voyants sont de nouveau au vert, fini les forfaits, place à un dossard qui me tient à cœur : la désormais traditionnelle Saintélyon avec le frérot. Après deux années sur le relais nous en revenons à notre segment préféré : la Saintexpress. Les conditions météo ont l’air bonnes, mes jambes ont l’air de tourner à nouveau correctement, on va peut-être enfin pouvoir commencer à se marrer un peu cette année !

Samedi matin, j’attaque l’une de mes parties préférées de la STL : la journée d’avant-course. Au programme : glandouille, sucres lents et roupillon. Le chat semble se découvrir une âme de coureur, il applique scrupuleusement les phases de ma prépa… Le frérot arrive après mon gros dodo, nous discutons des conditions de course, du parcours et du matos. Nous devrions trouver pas mal de boue, il pleuvait un peu du côté de Sainte Catherine quand il est parti et les derniers jours ont été plutôt humides… Côté température ça devrait être plutôt pas mal, ils annoncent environ -1° à Ste Catherine, par contre le vent du nord souffle, on va l’avoir dans le nez…

Nous mangeons de bonne heure, une soupe et un peu de riz avant de nous habiller. Après une longue hésitation j’opte pour un collant de mi-saison bien ventilé, un t-shirt, un gilet, des manchons pour me couvrir les bras, un buff autour du cou et un autre sur la tête pour me protéger de la frontale. Plutôt optimiste je range le coupe-vent dans le sac à dos. Seul concession que je fais au froid : une paire de gants molletonnés, j’aimerais arriver à conserver l’usage de mes mains, ça peut servir pour aller chercher des trucs dans le camelbak… De son côté Eric opte pour une tenue légèrement plus chaude mais relativement light par rapport aux années précédentes.

Nous voilà beaux comme des camions, une petite photo pour la postérité et nous prenons la route, direction Gerland.

Saintexpress

Fête des lumières oblige, la circulation est calamiteuse et le parking du palais des sports est saturé, nous tournons, tournons, pas une place… L’horloge tourne, Eric en a marre et pose la voiture dans un bosquet de fleurs, de toute manière on ne trouvera pas mieux ! Nous prenons nos sacs et c’est parti. Nous passons glaner quelques renseignements et nous filons nous réfugier au chaud dans le bus. En chemin Eric constate une fuite dans sa poche à eau, la tuile ! Ca ne semble pas trop méchant, il prend une petite bouteille d’eau au cas où mais il a l’air confiant. Croisons les doigts ! Après quelques ultimes vérifications il est temps d’attaquer le petit roupillon d’avant course. Les années se suivent et se ressemblent, ce petit somme fait vraiment du bien : il me permet de me détendre, de repousser un peu le moment où la fatigue appuiera sur mes paupières ainsi que de commencer à rentrer dans ma course. Si jusqu’à maintenant je ne savais pas comment je souhaitais réellement aborder cette Saintexpress, à présent je suis fixé. J’ai longuement hésité entre courir détendu avec Eric et essayer de donner le meilleur de moi-même, la claque que j’ai pris au semi de Vénissieux m’a laissé sur ma faim, j’ai vraiment envie de faire au moins un bon résultat cette année histoire de terminer sur une note positive. J’ai un peu étudié les résultats des années passées, si je parviens à courir dans mes temps habituels je peux espérer accrocher un top 20, j’ai l’objectif dans un coin de l’esprit mais je sais que je n’ai pas eu un entrainement adapté cette année, tout au plus trois sorties longues depuis septembre dont la plus longue n’excédait pas les 26km… J’essaie de me convaincre qu’un top 50 me satisfera pleinement mais c’est compliqué, je commence à craindre que la nuit ne soit cruelle… Nous discutons chrono avec Eric, lui aimerais bien mettre environ 4h10 – 4h15, de mon côté j’espère arriver à descendre sous les 4h.

Nous arrivons finalement dans les petites rues de Ste Catherine où une fois l’an la population est multipliée par 4 avec 3000 allumés qui débarquent le temps d’une soirée. La sortie du bus est rude, le froid est mordant et une petite pluie fine nous sert de comité d’accueil. J’enfile sans attendre mon coupe-vent et me décide rapidement à ne pas le quitter, une couche supplémentaire ne devrait pas être problématique au vu de l’humidité ambiante… En bon lyonnais que je suis, je chambre un peu le frangin stéphanois : « l’avantage de la Saintexpress c’est qu’on a pas à mettre les pieds dans la Loire ! »

Nous filons nous réfugier dans la tente en oubliant pas de déposer notre sac dans le camion à destination de Lyon. C’est tout de même dommage d’être obligé de le mettre dans un camion à Ste Catherine quand on pourrait le laisser directement à Lyon… La tente est bondée, ça sent l’homme ! Nous trouvons un petit coin au chaud pour poireauter en attendant le départ, il n’est que 22h, encore une heure à patienter ! La position debout n’est pas idéale, sachant que nous allons terminer dans une croute de boue nous n’avons pas trop de scrupules à nous assoir sur le sol pas franchement nickel. Nous profitons de l’attente pour regarder l’équipement des autres coureurs, il y a de tout, du mec en short à celui qui part pour six mois en Sibérie, d’autres ont un équipement totalement inapproprié : nous restons bouche bée devant un type en short avec une paire de baskets de ville, lisses, tout juste bonnes à aller faire le marcher. Certains vont passer une mauvaise nuit… Un petit coup de fil de la voisine vient nous passer le temps, dans notre précipitation j’ai laissé les clés sur la porte d’entrée. Nous aurons la joie de les retrouver sous le paillasson en rentrant, on est pas passé loin de la mauvaise fin de soirée !

Il est maintenant 22h40, nous nous décidons à aller sur la ligne, le chemin se rétrécit rapidement, il ne s’agirait pas d’être en queue de peloton et de se faire enfermer dès les premiers chemins… Un dernier petit pipi pour partir l’esprit léger et nous enjambons une barrière pour nous placer pas trop mal. Le petit trou dans la masse de coureurs me semblait pour le moins suspect, une belle flaque d’eau vient nous rafraichir les pieds. De toute manière, vue la quantité de boue que nous allons trouver c’était inéluctable… Le sas de départ est bien rempli, nous n’avons pas trop froid mais je reste bien content d’avoir enfilé mon coupe-vent, j’espère juste que je ne regretterais pas mon choix dès la première montée… Côté playlist on a connu mieux, pas de quoi nous électriser avant le départ. Le speaker prend la parole et nous rappelle quelques consignes, je découvre en passant que la route a été rétrécie afin d’étendre le flux de coureur en vue du premier goulet. C’est bien, mais moi ca ne m’arrange pas, je ne suis pas aux avants postes et je vais avoir du mal à dépasser rapidement… La musique reprend ses droits avec un petit coup de rage against the machine, voilà un truc qui donne la patate ! Malheureusement le DJ se ravise vite et nous remets une chanson naze, on a même pas droit au traditionnel U2 avant le décompte final… Je souhaite bonne course à Eric, j’allume ma frontale et c’est parti, on rentre à la maison !

Saintexpress

Le départ est plus rapide que ce que je craignais, je suis un peu freiné mais rien de dramatique. Je me glisse dans une bande d’herbe boueuse sur le côté pour dépasser, je ne tarde pas à plonger jusqu’à la cheville dans une flaque de boue. Tôt ou tard cela devait arriver, ça donne le ton pour la suite ! Je remonte une petite file de coureurs avant que l’horizon ne s’éclaircisse, j’aperçois une fille devant moi qui envoie pas mal, c’est Juliana ! Je lui fait un petit coucou en passant, elle à le sourire, elle va encore nous sortir un grand numéro ce soir… J’hésite une seconde à me proposer comme lièvre ce soir mais l’idée n’a pas le temps de germer : j’ai une saison à sauver et des doutes sur mon niveau actuel à lever. Entre les blessures, l’entrainement pas structuré pour un sou, et l’absence de marque sur les distances de références je ne sais plus ce que je vaux ces derniers temps.

La route s’élargit et les dépassements se font bien à présent, le premier kilomètre bippe à ma montre : 4’02. C’est un peu moins rapide que ce que j’envisageais et je suis à proximité du groupe de tête sans m’être mis dans le rouge, parfait ! A vue d’œil il doit y avoir une bonne cinquantaine de coureurs devant moi, je ne devrais pas être gêné dans les chemins ! Nous passons devant le panneau qui indique la sortie de Ste Catherine, cette fois nous y sommes ! Le rythme est un peu élevé, je calme un peu le jeu : la route est encore longue avant Lyon. La route serpente un peu avant d’obliquer vers un petit chemin que je commence à bien connaitre, la première bosse de la Saintexpress.

Cette grimpette n’a rien d’effrayant sur le papier mais le rythme est plutôt ambitieux pour 45km. Dans mes souvenirs de 2012 j’avais avalé la grimpette sur les chapeaux de roues, je vais essayer de réitérer, on verra bien ce que ça donne. Quelques coureurs qui me tenaient tête sur le plat ne me résistent pas dans cette petite montée, je double une fille qui mène un train d’enfer, autour d’elle les mecs soufflent comme des avions au décollage. Quelques-uns accrochent ma roue, je résiste à l’envie de remettre un coup de collier pour les décrocher, jusqu’à Soucieu je vais essayer d’économiser mes forces, on verra ensuite si je suis encore joueur.

Même si je grimpe à un bon rythme pour le moment, je sens que l’effort risque de peser dans les heures à venir. Je ne mettrais pas cette intensité dans toutes les montées. Je profite de ces premiers chemins pour peaufiner les réglages de ma frontale, la nao s’adapte à la luminosité ambiante et le faisceau baisse en intensité quand un coureur me suit d’un peu trop prêt, en éclairant plus mes pieds j’arrive à gommer sensiblement le problème. Je coupe une route, espérant pouvoir commencer à redescendre mais non, la suite de la montée nous attend de l’autre côté. Quelques bénévoles nous encouragent en passant, je les remercie. Et poursuis mon effort quelques minutes avant de déboucher sur une nouvelle route qui cette fois descend. J’emmène dans mon sillage un petit groupe de coureurs qui se dispersent alors que je prends mon rythme de croisière pour redescendre.

Jusqu’à présent les sensations sont très bonnes, je tiens un bon rythme que je juge tenable jusqu’à l’arrivée, je dépasse du monde et les kilomètres s’enchainent rapidement. Voilà un petit moment que je trottine, il serait temps de songer à l’hydratation. J’attrape le tuyau du camelbak et essaie de tirer quelques gorgées, mon estomac fait la moue, je n’insiste pas pour le moment. Je suis bien hydraté, je dois avoir quelques kilomètres d’autonomie. Je boirais un peu plus que prévu à Chaussant.

Un panneau « arrivée 40km » nous attend au bord de la route, je regarde mon GPS : déjà 5 bornes au compteur. Tiens, si mes calculs sont bons cela fait 45 et non 44 ! J’ai une petite pensée pour les copains blessés ou en reprise, spécialement Marylène et Romain qui devraient être là ce soir, ce kilomètre sera pour eux.

J’avance à un bon train sur la petite route, de nombreux bénévoles sont là pour nous encourager, je profite de la vue en essayant de ne pas tenir compte des quelques coureurs qui m’entourent. J’ai hâte d’être plus loin sur le parcours pour trouver un peu de solitude. Nous revoilà dans les petits chemins, c’est un peu boueux mais rien d’insurmontable pour l’instant, ça va certainement se corser très bientôt.

Au détour d’un chemin nous bifurquons dans une petite descente que je reconnais immédiatement : le bois d’Arfeuille ! C’est plutôt glissant et j’ai une confiance relative dans l’adhérence de mes baskets, je prends des pincettes dans cette descente. Un coureur repris peu avant m’enrhume, je ne cherche pas à accrocher, la prise de risque est trop grande. J’ai bien envie d’envoyer mais j’ai surtout envie d’arriver entier, j’ai été assez blessé pour les années à venir ! Un second coureur semble lui plutôt en difficulté dans cette descente, je lui souhaite bon courage et lui glisse en passant que la prochaine risque d’être plus compliquée afin qu’il puisse s’y préparer. Quelques virages secs me forcent à ralentir mais la descente se passe sans difficulté pour moi.

A peine arrivé en bas et voilà qu’une grosse bosse vient nous cueillir à froid. Les jambes tournent toujours bien, j’attaque la côte en trottinant, deux coureurs dans le viseur. Rapidement mes sensations se dégradent, j’ai chaud, le cœur grimpe dans les tours, pourtant ça ne semble pas particulièrement raide, sans doute un effet d’optique causé par la frontale. Je n’insiste pas et commence à marcher, pour une bonne STL je connais la recette : garder un maximum de fraicheur pour la fin de course. Le rythme est légèrement moins élevé mais j’arrive toujours à grappiller du terrain au coureur devant moi, en revanche le second s’échappe, il semble vouloir avaler la difficulté en courant. Je grimpotte en alternant marche et course quand je m’en sens capable, la montée est longue et coriace, je commence à bouillir dans mon coupe-vent. J’envisage sérieusement de faire tomber une couche au ravitaillement qui approche à grands pas. Un coureur passe en trombe devant moi, il cavale comme un malade, je ne cherche pas à accrocher, je me contente de noter son numéro de dossard dans ma tête. Je reprends le coureur devant moi et ajoute un petit coup de rein pour le décrocher. J’entends des bruits de cloche et des applaudissements un peu plus haut. Ça sent la grosse ambiance, j’ai hâte d’être au sommet ! La dernière rampe est particulièrement coriace, malgré les encouragements je me contente de marcher pour économiser mes mollets. Lorsque j’arrive auprès des spectateurs je me force à envoyer un peu de jus pour terminer en petite foulée. Une trentaine de personne s’est réunie ici pour nous faire un accueil d’enfer, je passe en remerciant tout ce petit monde, je tape dans la main de deux bénévoles et je repars au triple galop, le moral regonflé à bloc.

Manque de bol un dernier petit raidillon me fait face, le moral retombe vite dans mes chaussettes boueuses… J’avale cette dernière portion sans me mettre dans le rouge et je relance un peu en arrivant en haut de St André la Côte. Je sens que je commence à accuser le coup de mes efforts précédents, je baisse un peu de régime alors que j’attaque la descente. Je reprends le mec qui courait dans la montée avant de remarquer que je n’y vois rien : une épaisse couche de brouillard est nichée à St André. Naturellement ce genre de choses n’arrive que quand je suis tout seul, une petite vague de stress m’assaille, j’espère que je ne vais pas manquer une balise dans cette purée de poids ! J’ouvre l’œil en quête d’une frontale où d’un truc qui brille mais rien ne vient. Le stress monte quand finalement je tombe sur une pancarte « Saintelyon » qui vient me rassurer brièvement. Après la côte de St André Eric m’a parlé d’un petit chemin très pendu, j’ouvre l’œil afin de ne pas le manquer, le stress commence à remonter jusqu’à ce qu’une pancarte m’indique de bifurquer en direction du bois des marches, au moins le brouillard devrait nous laisser en paix.

J’arrive dans une descente assez technique, le coureur dépassé à St André a profité de ma baisse de régime pour recoller et se lance à corps perdu dans la descente. En passant il me dit qu’il est ravi de sortir du brouillard ! J’espère qu’on ne retrouvera pas celui-ci en sortant des bois… Il y a tout ce qu’il faut pour se prendre une bonne gamelle : de la boue, des feuilles et de gros cailloux tapis sous ces dernières… Un panneau nous indique la difficulté, c’est déjà pas mal ! Une nouvelle fois je joue la carte de la prudence en descendant sur un rythme plus relax, je reprends un coureur vraiment pas à son aise sur ce terrain, j’échange quelques mots avec lui avant de reprendre mon allure de croisière. La descente passe assez rapidement et me permet de récupérer pas mal. En revanche je sens que mon estomac n’est toujours pas d’accord pour boire…

Je débouche sur un petit single en bordure de prairie, cela semble bucolique de prime abord mais il n’en est rien, la boue, un léger dévers et une clôture barbelée à moins de 50cm transforment ce chemin en numéro d’équilibrisme ! Je suis ravi d’être tout seul, j’ose à peine imaginer ce que cela va donner quand le gros du troupeau passera par là… Il risque d’y avoir de la casse. J’avance à une allure d’escargot pour rester debout, j’essaie de tenir la bande d’herbe pour avoir les meilleurs appuis possibles mais je suis souvent forcé de mettre les pieds dans la boue. Je m’en sors en un seul morceau, pas mécontent de retrouver un chemin praticable.

Me voilà avec un petit groupe de cinq coureurs juste devant moi alors qu’une petite bosse pointe son nez, je remonte sans mal sur eux et reconnais certains furieux qui m’ont dépassés dans les descentes. Le groupe implose dans le petit dénivelé, le dossard 10880 repéré tout à l’heure refait son numéro de grimpeur et s’échappe en tête tandis que je garde mon rythme « relax ».

Le premier ravito ne tarde pas à se montrer, j’ai des scrupules à m’arrêter sachant que le petit groupe va me repasser devant mais je réfléchis une seconde : il me reste 33km et je n’ai rien avalé depuis le départ… Je m’arrête rapidement, galère à sortir mon gobelet de sa poche et me jette rapidement un godet. Le reste du groupe s’arrête également excepté un qui file tout droit. Je repars tout seul et récupère assez vite le lascar.

Je regarde le GPS : 11km au compteur, exactement comme annoncé sur le profil. On aura peut-être que 44km finalement ! Je commence à prendre un coup au moral, j’ai l’impression de cavaler depuis un petit moment maintenant et je n’ai pas l’impression de facilité que j’avais en 2012. Viennent s’ajouter à mon malaise mon manque de repères sur ce type de distance et les incertitudes sur mon niveau actuel. J’ai beau avoir fait ce type d’effort des dizaines de fois, cette nuit je me sens au pied d’une montagne. Une seule chose est sûre : si je veux avoir mes réponses il faut que je continue à avancer. Je me rassure en me disant que la partie la plus difficile du parcours est derrière moi et en me fixant pour objectif d’arriver en bon état à Soucieu.

Le chemin est bien roulant et les jambes font leur job sans protester, en revanche le verre d’eau du ravito a du mal à passer et je commence à avoir le bout des orteils engourdis. J’essaie de les bouger pour les réchauffer un peu. Le chemin bifurque et attaque une petite bosse que j’aborde à nouveau sans m’exciter en n’hésitant pas à marcher. Je sens que ça revient un peu derrière mais je préfère voire à long terme en gardant des forces pour les derniers kilomètres. En arrivant en haut je débouche sur une petite route, un chien m’accueille avec quelques aboiements. Je remets les gaz dans un petit faux plat montant mais la relance n’a rien de stratosphérique. Le diesel est long à l’allumage ce soir, il me faut quelques centaines de mètres pour retrouver mon rythme de croisière. La petite descente qui suit ne me fait pas de mal, même si je ne lâche pas totalement ma foulée, j’ai encore quelques appréhensions vis-à-vis de mes genoux, je trouve une allure honnête tout en récupérant quelques forces.

Je commence à courir de plus en plus longtemps seul, les dépassements se font plus rares, la Saintélyon telle que je l’aime ! Au détour d’un chemin je rattrape un mec en short, comme nos rythmes coïncidents je lance la discussion en lui demandant s’il n’a pas froid habillé comme ça. A ma grande surprise il me répond de bon cœur et commence à papoter avec moi, jusqu’à présent les autres coureurs n’étaient pas franchement loquaces. Il a eu un peu froid sur la ligne mais à présent tout va bien m’explique-t-il. Nous commençons à nous donner nos impressions sur les conditions de cette année puis nous dévions sur les éditions précédentes avant de partir dans les montagnes. Il me motive pour le trail de l’étendard, magnifique selon ses dires (je note pour plus tard). Nous bavardons gaiement pendant que les kilomètres s’accumulent au compteur et que nous dépassons quelques coureurs sans trop faire attention.

Les chemins se succèdent sans que je n’y fasse trop attention puis nous débouchons dans une petite descente boueuse en forêt. Alors que nous arrivons en bas je saute au-dessus d’un petit cours d’eau et me bloque le pied gauche entre deux gros cailloux à la réception. La douleur est vive, je grogne mais continue de courir alors que le sentier remonte un peu. Nous revenons sur deux coureurs et je me rends alors compte que nous courons à une belle allure. Mon esprit revient sur terre : je vais vite et ça monte, alerte rouge ! Je dis à mon ami que je commence à avoir un coup de moins bien, je marchote un peu et lui souhaite bon courage pour la suite. Il me répond peut-être à tout à l’heure. Intérieurement je me dis que je ne le reverrais pas, entre mon pied qui me lance violement, mon incapacité à m’alimenter et mon manque de confiance actuel le moral est en berne.

Nous sommes au 18ème kilomètre, le ravito de Soucieu n’est plus très loin. Je retrouve un rythme confortable et essaie de ne pas trop tergiverser. J’en reviens à ce qui me motive dans le trail : je profite du panorama. On m’a dit que c’était la pleine lune, j’essaie de regarder le ciel mais celui-ci est complètement masqué par les nuages. Tant pis, je cherche des yeux l’objectif : la tour du crayon. Manque de bol, avec la fête des lumières celui-ci semble éteint. Tant pis, je me contente de regarder les lumières du bassin lyonnais, c’est quand même joli.

J’arrive sur les chemins qui précèdent Soucieu que je commence à connaitre par cœur, ces repères me font du bien et me permettent de me détendre. Je commence à songer au ravito et me force à boire quelques gorgées qui passent malgré tout. Je dépasse un coureur en attaquant une petite descente humide puis file sur la route au milieu des serres. Que j’aime ce passage ! Les souvenirs des années précédentes me reviennent, ma grande lassitude d’il y a 3 ans, mes jambes de feu d’il y a deux ans… Je bascule dans le dernier petit chemin raide avant le ravito et dépasse un nouveau coureur dès les premiers mètres avant d’arriver sur la longue route qui me conduira à Soucieu.

Un petit groupe de quatre coureurs me précède, je remonte sur eux tout doucement, je songe un instant à me glisser parmi eux mais je me sens trop bien pour ralentir. Je reconnais mon ami en short et lui dit en passant que curieusement je me sens nettement mieux. Je prends la poudre d’escampette et entre dans le village en profitant des encouragements du public, toujours nombreux à ce point du parcours. J’ai l’impression d’être à l’entrainement tant je commence à connaitre ce passage, les jambes déroulent sans que la tête n’aie besoin de piloter et je débouche rapidement sur le ravitaillement.

En entrant dans le gymnase je constate que je suis le seul coureur, génial je vais avoir droit à un ravito quatre étoiles ! Je demande où est le stand de bières puis me ravise pour prendre un verre d’eau. Les bénévoles sont aux petits soins avec moi, dommage que je ne reste pas ! Je cherche un truc à manger qui me fasse envie et me rabats sur une pâte de fruit qui passe difficilement. Mon mal de ventre ne s’arrange pas… Un bénévole me félicite en me disant que j’ai l’air tout frais, voilà que me met du baume au cœur ! Je remercie tout le monde avant de reprendre ma route, le moral regonflé à bloc : je suis à la mi-course, à présent j’ai l’impression de rentrer à la maison.

Je traverse les rues de Soucieu comme une balle, quelques spectateurs m’encouragent en passant. Je dépose un coureur et m’échappe en direction des petits chemins. La traversée du village est un peu longuette mais j’ai le sourire, le mal de ventre et mon pied qui me lance sont relégués en arrière-plan.

Encore un petit bout de route et je bifurque dans un champ avant de descendre dans un petit bois où coule un cours d’eau. Un pont de fortune a été aménagé, il faut passer sur une palette boueuse. Je passe délicatement afin de ne pas glisser et remonte de l’autre côté sans trop ralentir. J’ai encore un peu de route mais je sais que je tiens le bon bout. En revanche j’appréhende la fin de course : je ne suis guère inquiet côté énergétique, je ne suis pas très entamé, en revanche mon incapacité à boire me laisse augurer de méchantes crampes dans les derniers kilomètres. La grande question est de savoir quand elles vont se déclencher…

Cette section est assez amusante avec peu de routes et des chemins très roulants que je ne (re ?)connais pas, tant et si bien que je débouche sur le Garron sans m’y attendre. Le coureur devant moi saute une volée de cailloux et passe sur le pont d’une foulée légère, de mon côté je négocie les cailloux doucement, j’ai le pied qui m’élance de plus en plus… Quant au pont, toujours aussi glissant je préfère me tenir et laisser quelques secondes plutôt que de risquer l’accident bête.

Le petit sentier qui suit ne présente pas de difficulté majeure, malheureusement le mal de ventre me rattrape et mes intestins semblent vouloir rester dans les monts du lyonnais. Je maintiens le cap mais le plaisir que j’éprouvais jusqu’à présent en prend un coup. Je me dis que ça va peut-être passer, que ce serait dommage de m’arrêter maintenant au vu de la course que je suis en train de faire, je pense que je suis proche du top 30. Le top 20 serait pratiquement atteignable si j’arrivais à m’hydrater…

Je poursuis ma route par une bonne montée casse pattes qui me force à marcher, laissant ainsi un répit à mon ventre. Je reprends la course et mon état se dégrade à nouveau. J’arrive en ville, le ravitaillement n’est plus très loin. Si j’ai besoin je pourrais faire un bref arrêt aux toilettes. J’essaie de voir le positif : au moins je pense moins à mon pied !

La gêne va et vient alors que je pénètre dans Chaponost. Les supporters sont moins nombreux qu’à Soucieu mais c’est déjà pas mal, cela me permet de penser à autre chose. J’ai perdu un peu de mon énergie et mes coucous se raréfient. Un signaleur déguisé en père noël m’indique le chemin, ça me fait penser que des gens de l’AAAL doivent être du côté de Beaunant, j’espère que je vais les voir ! Je parviens finalement au ravito, cette fois celui-ci est équipé de gobelets, pas besoin de farfouiller dans mon sac. Je me force à boire deux gobelets et à avaler quelques tranches de clémentines. Pas très énergétique tout ça mais c’est mieux que rien. Un bénévole m’indique que je suis 19ème, j’ai un peu de mal à le croire mais pourquoi pas. Ça va me donner de la motivation pour boucler le parcours ! Le ventre me fait moins mal, je saute la case toilettes et reprend ma route. L’arrivée est proche ! Je regarde ma montre : bientôt 32 bornes au compteur et un peu plus de 2h45 de route. Si je ne baisse pas de régime je risque de faire un gros chrono !

Après ce ravito inédit je retrouve mon terrain de jeu habituel en filant dans le petit parc. Je commence à retrouver mon rythme quand ce que je redoutais se produit : mon mollet droit fibrille. C’est tôt mais je ne suis guère surpris, vu ce que j’ai bu c’est normal. C’est quand même dommage, alors qu’on m’annonce dans le top 20 mes espoirs sont réduits à néant dans la foulée… Cependant ce n’est pas ma première crampe et encore moins la dernière, je dois être capable de courir malgré tout. Le truc est de trouver le bon rythme et d’éviter les mouvements exotiques. Je diminue l’allure et me contrains à boire encore un peu pour éviter que le problème ne s’accentue. Au moins j’en oublie mon ventre et mon pied…

Je me concentre sur le paysage alors que j’approche de l’étang. Devant moi j’aperçois une forme sombre assez imposante, je l’éclaire un peu de ma frontale et le voilà qui détale pour se réfugier dans l’eau : un énorme ragondin ! Voilà qui me redonne le sourire. Je fais quelques petits calculs dans ma tête, il me reste environ 11km à tenir et 1h10 pour rentrer sous les 4h. Si je sens le top 20 me passer sous le nez, les 4h sont atteignables malgré les départs de crampes.

Je suis tout seul sur ce petit sentier étroit, seul l’éclat d’une frontale dans mon dos vient me perturber. Certainement un mec dépassé peu avant le ravito qui profite de ma baisse de régime. Curieusement il tarde à me reprendre alors que j’ai l’impression d’être au ralenti. Peut-être qu’il n’est pas en meilleur état que moi finalement ? Mon petit rythme peinard est dérangé par un tronc d’arbre au milieu du chemin, il va falloir enjamber… Je m’arrête, passe une jambe puis la seconde en prenant toutes les précautions du monde. Pas de crampe, ouf ! Je redémarre en douceur pour ménager les muscles meurtris, les yeux à la recherche du panneau « arrivée 10km ».

J’aperçois des frontales devant moi, on dirait que malgré mon état je remonte sur un petit groupe ! Manque de bol il s’agit de deux randonneurs avec des dossards de la Saintésprint. Je continue ma route dans des petits chemins qui grimpent légèrement. Si je me sens capable de trottiner sur le plat je sens que sur ce type de terrain il ne faut pas que j’insiste. Je marche un peu et tente de relancer régulièrement, le mollet, proche de la crampe me dissuade de prolonger l’effort. Je prends mon mal en patience tandis que je m’assois sur mes espoirs de top 20…

Rien ne va plus sur cette fin de parcours, c’est au tour de la frontale de donner des signes de faiblesse. Elle se met à clignoter pour m’indiquer que la batterie entre elle aussi dans le dur. Zut, on m’a vendu 6h d’autonomie ! Tant pis, la dernière partie n’a rien de bien technique, je passe sur un mode plus économique. Après avoir couru comme en plein jour mes yeux mettent quelques secondes à s’adapter à l’obscurité, mon champ de vision rétrécit et le relief devient moins apparent. Cette fois c’est la nuit !

Après la montée vient la descente, malheureusement les jambes ne veulent toujours pas s’employer. Entre le terrain gras et mon pied douloureux je prends de mauvais appuis qui m’obligent à forcer encore plus sur mes mollets. J’avance à une petite allure régulière pendant que ça revient derrière.

Avec l’heure tardive je commence à être rattrapé par le sommeil, je profite d’une ligne droite sur le bitume pour fermer un peu mes paupières, j’ai hâte d’arriver au palais des sports : je me vois déjà m’allonger deux mètres après la ligne d’arrivée, fermer les yeux et piquer un roupillon…

Je commence à reprendre pas mal de trainards du 22km alors qu’un seul coureur m’a repris pour le moment. Le top 30 doit être jouable, c’est déjà pas mal ! Je me sens capable d’arriver à rentrer sur une moyenne proche des 10km/h, ma seule réelle inquiétude est ma capacité à franchir la monté des aqueducs qui va me faire forcer un long moment sur les mollets. Je vais être fixé rapidement, il me reste une petite descente avant d’entrer dans le vif du sujet.

Je coupe une route et c’est parti pour la dernière grosse difficulté. Devant moi je repère une frontale qui va plus vite que les autres, certainement un dossard vert. Je vais peut-être arriver à grappiller une place malgré mon état ! C’est largement aussi raide que dans mes souvenirs, je ne cherche pas à courir, la marche est déjà bien assez rude pour mes mollets. Je remonte peu à peu sur la frontale de devant tandis que je repère un autre marcheur rapide derrière moi. C’est long, je sens que mes forces ont baissées, sans doute à cause de la déshydratation mais je ne peux rien y faire. Je m’accroche malgré tout, j’ai beau avoir mal, l’envie d’en finir est plus forte.

La grosse pente cède la place à une montée plus aisée, je prends exemple sur le coureur qui me précède et j’essaie de relancer. Pas de miracle, les crampes sont toujours là mais elles ne partent pas. J’essaie d’être le plus détendu possible et j’allège ma foulée pour préserver encore un peu mes muscles. La route bifurque du chemin habituel et empreinte un nouveau raidillon. Arrivé en haut je ne parviens cette fois pas à relancer, les mollets se contractent de nouveau et la crampe commence à s’étendre à mes quadriceps. Je lève encore plus le pied en attendant que ce mauvais moment passe, déjà que j’avais l’impression d’être au ralenti... La frontale qui me talonnais passe devant moi, c’est mon copain en short de tout à l’heure. « Cette fois ça va moins bien ! » Je lui dis de prendre son rythme, je n’arriverais pas à suivre.

Je garde les deux frontales en visuel quand nous débouchons sur un sentier particulièrement vicieux avec de grosses marches d’escaliers matérialisées par des rondins à descendre. Ma technique pour franchir ces obstacles n’est pas très orthodoxe mais elle a le mérite de ne pas me ralentir et de ne pas faire partir la crampe. Je parviens même à recoller un peu sur le petit groupe de devant tandis qu’un autre coureur passe en trombe. Si mes comptes sont bons je dois être à la 22ème place. Le top 30 reste atteignable alors qu’il nous reste moins de 5km à parcourir.

Nous sortons du sentier « des pieds nus » selon son nom officiel en débouchant sur une côte fatale à mes jambes détruites. Je ne cherche pas à courir mais plutôt à survivre à cet obstacle non programmé sur mon plan de vol. Je ne suis pas le seul apparemment, tout le monde semble prendre un coup derrière les oreilles, les saintésprinteurs encore plus que nous semble-t-il.

Un replat vient nous soulager les cuissots et nous reprenons un rythme un peu plus soutenu tandis que je discute avec mon pote de la nuit. Nous traversons Sainte Foy, passons par un petit square et redescendons quelques volées de marches. On dirait que les crampes ont un peu cessé de me harceler, mes jambes ont retrouvé une souplesse relative. Devant nous un coureur s’arrête dans les escaliers en criant, je ne suis pas le seul à cramper ! Il tente de descendre en marche arrière puis se ravise et reprend un cheminement normal avant de crier de douleur à nouveau. Il est à l’arrêt quand je le dépasse avec un petit mot d’encouragement.

Nous arrivons enfin à la confluence, la délivrance est proche. Nous faisons un détour pour descendre au bord de l’eau, mon moral en prend un coup. Le dossard 10880 me passe devant le nez tandis que mon ami décroche peu à peu. Nous faisons quelques mètres le long du Rhône avant de remonter trois petites volées de marches trop hautes à mon goût, les crampes sont loin de s’être envolées… Je ne comprends plus rien à cette fin de course nous sommes cinq ou six coureurs à faire le yoyo, j’ai l’impression d’avoir vu trois fois le même mec dans les deux kilomètres, je suis bien incapable d’estimer ma position à présent.

Cette fois je tiens le bon bout, nous passons sous le musée de la confluence tandis que nous remontons le long de l’autoroute. Nous bifurquons en direction de la passerelle Raymond Barre, un bénévole nous encourage. Tiens ? Je connais cette voix… Je me retourne, c’est Pierre ! Je lui fais un petit coucou, ravi de trouver un visage connu. D’après mes calculs il doit me rester 2,5km, j’en suis à 3h40 de course, si je maintiens mon rythme actuel je devrais rentrer sous les 4h sans problème !

Dépasser les retardataires du 22km me fait du bien au moral, d’autant plus que je retrouve mes jambes sur cette partie plane. Je sens qu’il me reste de l’énergie, ma douleur au pied est en arrière-plan depuis un moment maintenant et je peux oublier mon mal de ventre pendant quelques minutes encore. Je pense pouvoir remettre un peu de vitesse sans cramper pour boucler le parcours. J’accélère alors que j’arrive sur les berges du Rhône, en apercevant dans le fond la halle Tony Garnier où nous arriverons à partir de l’année prochaine. Deux kilomètres de plat en moins, ce ne sera pas un luxe !

Un panneau m’indique qu’il ne reste plus que deux bornes, je serre le poing. J’ai révisé la fin de parcours hier à vélo en allant chercher les dossards, je sais parfaitement à quoi m’attendre. Le 10880 est quelques dizaines de mètres devant moi, et personne ne semble m’avoir pris en chasse. Je ne grappille pas beaucoup de terrain mais je sens qu’il est prenable. En revanche je sens également que je manque de lucidité, un panneau nous indique de prendre à gauche, je suis à deux doigts de continuer tout droit avant de me rendre compte de mon erreur.

Ca y est, j’entre dans le parc de Gerland, ma cible n’est plus qu’à vingt mètres. Les crampes n’ont pas l’air de trop se déclencher sur le plat, je relance encore un peu, pressé d’en finir et espérant pouvoir le dépasser rapidement, finir au sprint ne serait pas de très bon goût après 44km… Mon accélération le laisse sur place, je lui glisse un petit mot d’encouragement avant d’en remettre une petite couche, les jambes répondent plutôt pas mal ! Dernier virage, je passe devant le panneau « 200m », je fais le beau pour la photo. De nombreux dossards mauves de la saintésprint sont en train d’en finir également, un groupe de filles me félicite et me dit qu’elles ne vont pas chercher à me doubler, j’espère bien ! 50m. 25m. J’entre dans le palais des sports et passe enfin sous l’arche. Malgré les crampes je tente un petit saut de cabris pour la photo, pas très brillant mais au moins j’ai réussi à rester debout. Cette fois c’est bon, je peux couper le moteur. Je regarde ma montre : 3h53’50. Je m’en sors plutôt bien pour un mec qui a géré des crampes pendant plus de 10km !

Je me dirige en titubant vers le ravito en récupérant mon t-shirt de finisher. Cette fois les jambes sont lourdes, très lourdes et mon pied commence à se réveiller, il doit être bien amoché car j’ai du mal à le poser… Je tente de boire un coup mais hormis un gobelet d’eau et un de coca rien ne veut passer. Je ne cherche pas à manger, c’est encore trop tôt. Je ne tiens plus debout, je file m’allonger en grognant, comme je l’ai imaginé pendant 10 bornes. Que c’est bon ! Je ferme les yeux cinq minutes avant de réaliser que je grelotte. Il est grand temps d’aller chercher le sac ! Je dois faire un long chemin de croix à travers le palais des sports, j’ai l’impression d’avoir vieilli de 50 ans en l’espace de 4 heures… Je passe devant les ostéos, il n’y a pas de queue mais j’ai trop froid, il faut que je me change rapidement. Dernier coup dur de la soirée, mon sac est introuvable, nous sommes quatre à le chercher, en vain. Au bout de 10 minutes un bénévole finit par mettre la main dessus, il était bien en évidence, à l’entrée du tas de sacs… Avec ce petit contretemps Eric doit être proche de l’arrivée, ne me sentant plus capable de bouger je me rends directement au repas d’arrivée situé juste en face. Je regarde sa progression sur le suivi live pendant que je savoure les nouilles chinoises que mon estomac semble enclin à accepter. Eric ne devrait pas tarder en théorie, Juliana pour sa part vient de passer la ligne, elle est seconde féminine ! Je leur envoie un message à tous les deux pour qu’ils sachent où me rejoindre avant de regarder mon classement ! 19ème ! (Corrigé à 20ème le lendemain) Voilà une excellente surprise !

Juliana arrive alors que je termine mon repas. Eric de son côté tarde encore à arriver, il a certainement crampé, ça doit être un mal de famille. Il m’appelle finalement 1h après mon arrivée, il a effectivement crampé… Nous nous retrouvons tous les trois autour des fameuses nouilles chinoises de la Saintélyon en nous racontant nos courses respectives. J’aperçois Jean-Seb au retrait des sacs, je lui fait signe. Il était engagé sur le grand format et a rendu les armes à cause de sa cheville qui n’a pas tenu le choc. Nous papotons encore un peu pendant que tout le monde fini de se restaurer et il est enfin l’heure d’aller faire un gros dodo bien mérité !

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