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Saintexpress 2017

Publié 5 Décembre 2017 par Thomas Diconne in trail

Saintexpress 2017

Comme après chaque saintélyon je m’étais dit que c’était la dernière. Jusqu’à la suivante… Après une année 2016 ou j’avais résisté à l’appel, Eric m’a mis le couteau sous la gorge pour que je revienne : « Ça te dit de faire la saintexpress cette année ? » « Ah oui bonne idée ! ». Me revoilà embarqué dans cette galère !

Moi qui n’aime pas faire deux fois une même course tant il y a à faire, j’ai pourtant pris un abonnement sur celle-ci. Le plus difficile n’étant pas d’aller au bout ni même de prendre le départ dans le froid mais de se confronter au chrono, le moral risque d’en prendre un coup si le résultat est moins bon que d’habitude.

L’année 2017 a été particulière pour moi : peu de dossards, de longs mois sur la corde raide vis-à-vis des blessures et un entrainement plus quantitatif que qualitatif. Bien que les résultats aient été au rendez-vous tout au long de l’année je ne me sens pas affuté, j’ai l’impression d’avoir perdu en vitesse et en motivation. Les jours passant je me mets de plus en plus de pression sur cette course, j’ai à cœur de ne pas me décevoir. Je repense à ma 20ème place de 2014, mes 3h44 de 2013, ça va être très compliqué de faire aussi bien…

Le jour J est arrivé, je me lève bien excité, j’ai hâte de retourner sur les chemins des monts du lyonnais ! Je ne pense pas à mes petits bobos du moment, j’ai juste envie de m’arracher. Mon sac est bouclé, Anne me récupère et nous voilà en route pour la Halle et le retrait de dossard.  Nous arrivons à garer la voiture juste devant l’entrée, ça fera ça de moins à marcher demain matin ! Petit tour sur le village départ afin de se mettre dans l’ambiance, on regarde le profil, on fait quelques photos et on retire les dossards. Plus question de reculer cette fois ! Eric habitant près du départ nous prenons le train pour le rejoindre et passer l’avant-course au calme. Nous prenons notre traditionnel repas de saintélyon : petite soupe, riz et yaourt puis nous partons faire une petite sieste. Je cogite pas mal, j’ai vraiment quelque chose à me prouver… J’ai du mal à me détendre, mon pouls est assez élevé. Je finis par me lever et sauter dans mes vêtements, ça va me faire du bien d’entrer dans les choses concrètes.

Les températures annoncées ne sont pas trop polaires cette année mais il y a un petit vent du nord qui va nous geler sur place. J’aime bien courir au frais mais j’ai généralement du mal à m’alimenter sur la saintélyon à cause du froid.  J’ai fait quelques tests cette semaine avec quelque degrés de plus et je décide finalement de rester sur mon idée initiale : un collant fin avec des poches dans lesquelles je pourrais mettre quelques barres énergétiques en accès rapide, un tshirt à manches courtes un peu épais et des manchons pour ne pas me avoir trop chaud aux bras, mon coupe-vent en seconde couche, un buff autour du cou et un second sur les oreilles et une bonne paire de gants épais. J’anticipe les problèmes d’alimentation en partant avec deux flasques de boisson énergétique plutôt que de l’eau claire, si le solide ne passe pas j’aurais quand même un apport en sucre.

Anne et Eric se réveillent et finissent de se préparer, ils se couvrent un peu plus que moi. Je sens que l’attente va être rude, pourtant je suis loin de me douter de ce qui nous attend… Eric a repéré une petite route qui ne devrait pas être bloquée et nous permettra de nous approcher pas mal du départ. Il a eu le nez fin, après une petite balade sur une route enneigée nous débouchons en plein sur l’arche de départ ! Il nous dépose et part garer la voiture un peu plus loin. Nous posons les sacs dans le camion qui les rapatriera à Lyon et nous partons en direction de la tente chauffée. Nouveauté cette année : la tente n’est pas accessible aux coureurs de la saintexpress, elle est réservée aux relayeurs qui ne sont pas là puisqu’ils ne débuteront pas la course avant 3h minimum. Après tout c’est vrai qu’il fait beau et chaud, je commence à regretter de ne pas avoir mis un short… L’organisation de cette course est de plus en plus déplorable, à croire que chaque année  ils trouvent une nouvelle idée pour que les coureurs ne reviennent pas. Heureusement que le coureur est pugnace, l’entrée a été forcée et la tente est remplie de coureurs. Un peu trop remplie, pas moyen de rentrer. Nous restons collés à côté de l’entrée pour profiter un peu de la chaleur puis nous finissons par aller nous réfugier dans le sas de départ pour être dans la première vague et éviter les bouchons. Il fait froid mais protégés par les autres coureurs c’est tenable. On finit par nous annoncer que le départ sera repoussé de 5 minutes, les bus étant bloqués sur la route. On est plus à ça prêt ! Je regrette juste de ne pas avoir pris ma crème solaire…

L’heure fatidique arrive enfin, pas de petite musique d’ambiance, pas de jeu avec les frontales, l’orga est très loin d’être à la hauteur cette année. Le décompte fini par arriver, on se souhaite bonne course et c’est parti ! Nous étions placés un peu loin sur la ligne, il va falloir que je dépasse pas mal de monde rapidement si je ne veux pas perdre de temps. Dès que j’ai franchi le tapis de chronométrage je fonce sur l’extérieur, la remontée commence. La route n’est pas bien large, j’essaie de courir sur le talus lorsque c’est possible. La manœuvre est un peu acrobatique, je fais attention à ne pas me faire une cheville en passant.

Une fois la première ligne droite passée ça commence à être un peu plus fluide, je continue à dépasser sans avoir à me faufiler dans des trous de souris. La portion de route n’est pas longue, un gros kilomètre pour dépasser des wagons de coureurs avec un départ sans échauffement c’est dur ! Attention à ne pas me griller. Nous arrivons sur la route qui quitte Sainte Catherine, c’est large et roulant, plus aucun problème pour dépasser ! Il n’y a presque plus de filles devant moi, je dois commencer à être bien placé.

D’après la liste des favoris itra de livetrail j’ai la 27ème cote, mon objectif est donc de viser le top 30 mais dans un petit coin de ma tête j’ai la 20ème place de 2014. Dans la mesure du possible je vais essayer de reproduire le même scénario de course : partir de derrière sur un rythme qui me convient bien et faire une partie de Pacman lorsque ça va commencer à faiblir devant.

Nous voilà au bout de la route, place à la première montée de cette saintexpress ! Ca grimpe doucement mais longtemps, il est temps de trouver mon rythme pour ne pas me griller. J’adapte mon allure à la pente pour faire descendre le cardio. Ça va toujours un peu vite mais c’est déjà mieux, je vais déjà passer cette montée et je verrais ensuite pour trouver mon allure de croisière. Je dépasse quelque coureurs en train de ahaner, d’autres passent en trombe mais globalement le rythme commence à s’homogénéiser.  Je me rappelle pourquoi je ne voulais pas avoir à dépasser sur ce chemin : c’est assez casse-gueule avec la neige qui commence à faire son apparition.

Le deuxième kilomètre de la course passe, un peu plus de 12km/h malgré la montée. Un peu rapide mais pas de quoi me griller pour la suite, il faut juste que je me calme assez rapidement. Nous débouchons sur une route, si le chemin était enneigé mais pas glissant il n’en va pas de même pour la route qui a dégelé et regelé, il faut bien faire gaffe aux plaques de verglas. En courant sur le côté de la route j’arrive à ne pas trop déraper mais ce n’est pas parfait pour autant, j’essaie de viser les plaques de neige pour éviter la glace. Retour sur le chemin, ça grimpe toujours. Le rythme est un peu trop élevé mais je me sens bien, le souffle est bien posé contrairement à beaucoup de coureurs qui commencent à faire des bruits de locomotive. Ces bonnes sensations me confortent dans mon idée de garder ce rythme encore un petit peu.

Le terrain change rapidement, après la couche de neige fine du premier chemin et la route moitié enneigée moitié gelée cette fois place à la poudreuse. Pas très profonde mais pas damée pour un sou. Le pas est fuyant et les appuis assez instables. Ça va être costaud jusqu’au signal de St André ! Je baisse un peu la cadence pour économiser mes cuisses. Je pense que je vais commencer à me faire doubler mais personne n’en mène plus large que moi finalement. J’avais mis ma frontale au minimum mais je me vois obligé à monter en puissance, les phares qui me suivent m’empêchent de voir où je mets les pieds. La portion est difficile, j’essaie de chercher le meilleur côté du chemin, celui qui a été le plus tassé pour forcer un peu moins. Dur dur, mais tellement jouissif ! Je souris comme un gosse. J’ai un peu trainé les pieds pour venir ici mais à présent je ne voudrais pas être ailleurs !

Je rattrape un coureur en sur-régime, celui-ci n’a pas l’air de vouloir céder la place et met un coup de collier lorsque j’arrive dans son dos. Il me bloque un peu le passage, pas décidé à se laisser dépasser. Son attitude m’amuse et m’énerve à la fois, je le déborde rapidement et reprend ma marche en avant.

Voilà la fin de la première côte, j’aborde la descente qui suit avec prudence. Je n’ai pas couru dans la neige depuis un moment, je manque un peu de repères. La poudreuse est vraiment de première qualité, ça ne glisse pas, c’est un peu mou sous le pied, un régal ! Une petite remontée et voilà que nous basculons dans la première descente à proprement parler. Le Grand Mont, une nouveauté de cette année annoncée un peu technique dans le roadbook. La petite descente précédente m’a donné de bons repères, j’y vais de bon cœur. La neige me permet de ne pas glisser, il faut juste éviter les racines et les pierres.

Nous retournons sur un peu de plat et traversons un hameau, un petit virage sec et gelé nous y attend, personne ne s’énerve, on passe doucement avant de relancer. Je relâche l’attention quelques secondes et manque m’étaler sur une plaque de verglas. Petit rappel à l’ordre : ne pas quitter mes pieds des yeux tant qu’il y aura de la neige…

La deuxième longue montée vers le signal de St André débute, celle-ci est tout autant enneigée mais j’ai trouvé mon rythme à présent : une foulée courte et relâchée qui ne me demande pas trop d’efforts et m’évite de glisser. J’avais peu de souvenirs de cette montée mais des images me reviennent à présent à l’esprit, on avait vécu une belle galère en 2015 avec Eric ! Pas de problème cette année même si la côte est plus longue que dans mon souvenir.

Comme il y a deux ans, l’équipe des coursières nous réserve un accueil survolté sur ses terres : ils ont gonflé l’arche de départ à la fin de la première partie de la montée et nous réservent une haie d’honneur. Je passe en tapant dans quelques mains et en levant les bras avec eux. J’ai le sourire jusqu’aux oreilles mais dès que je les quitte il disparait, crier avec eux était rigolo mais ça m’a un peu coupé le souffle cette histoire ! Heureusement la montée n’est pas trop violente et me permet de me retaper.

Encore un petit effort et nous arrivons dans le sous-bois et le pourcentage diminue sensiblement avant le dernier coup de cul. Déjà 9km au GPS en 44’30, un peu plus de 12km/h alors qu’il n’y avait que de la montée, c’est bien rapide, sans doute trop, je sens que je vais le payer plus loin…

Je passe le sommet en étant enfin un peu isolé, pas de souci pour voir mes pieds cette fois-ci ! Je descends sans me poser de question, mes pieds trouvent leur place naturellement, j’ai rarement si bien descendu ! La sensation de vitesse est grisante. J’ai fait de gros progrès dans ce secteur cette année.

Les kilomètres s’enchainent, je suis seul à présent et je commence à être vigilant sur la signalisation. C’est bien fléché mais c’est le minimum syndical, il n’y a des pancartes qu’aux intersections, pas question d’en manquer une ! Certaines portions sont un peu longues, pas de balisage de rappel, j’ai vite fait de cogiter !

Je retrouve de petites routes que je connais bien, l’arrivée à Chaussan approche ! Un coureur a l’air de revenir sur moi et me dépasse en trombe dans une petite descente, il carbure, pas question de le suivre. Ca y est, le ravito est là ! Non pas que je souhaite m’arrêter, j’ai tout ce qu’il faut sur moi et je tiens la forme mais je suis content de valider la première portion de cette saintexpress. Plus que trois !

Je passe devant les tentes en suivant le coureur de tout à l’heure. Une micro-bosse et nous revoici dans une petite descente sur route un peu glissante, je me méfie encore un peu du verglas et perds du terrain. La montée qui suit est un classique de la SaintéLyon, j’ai beau la connaitre par cœur je ne crois pas l’avoir passé une seule fois en courant. J’ai deux coureurs dans le viseur qui montent en marchant, j’essaie de récupérer un peu de terrain en alternant course et marche. Le résultat se fait rapidement sentir, je les dépasse peu avant le sommet.  La dernière descente neigeuse avant Rontalon est un pur plaisir, bien technique avec des racines et des cailloux qui dépassent. Une nouvelle fois je me trouve assez performant dans cette descente où j’ai un groupe de 5 en ligne de mire. Je reconnecte le cerveau un peu trop tôt, je me dis que cette descente risque de poser des problèmes à Anne et voilà que je baisse le rythme. C’est vrai qu’il y a de quoi se faire une cheville !

J’arrive néanmoins à revenir sur le petit groupe dès le début de la montée vers Rontalon. Cette portion ne me dit strictement rien. Je me cale au chaud dans le groupe que je viens de récupérer et prend leur rythme un tout petit peu en dessous du mien afin de me retaper. Je demande si cette portion est nouvelle ou si ma mémoire me joue des tours, pensant tomber sur au moins un habitué. On me répond que oui, un autre coureur me demande « Ca va Thomas ? ». Hein ? Je le regarde en essayant de le reconnaitre malgré la frontale. La vache ! Pierre de l’AAAL ! Je ne pensais pas le croiser là ! Ça fait plaisir de le voir ! Il me dit qu’Alain est là lui aussi mais qu’il est derrière, qu’il est parti apparemment trop vite. Mince, je l’ai loupé ! Dommage. Nous faisons un petit bout de route ensemble sur cette portion assez jolie.

J’ai les jambes qui en redemandent quand nous attaquons une nouvelle petite descente, je prends la tête du groupe avant de me faire la belle dans la montée qui suit. Je ne connais pas celle-ci mais le pourcentage me convient bien, c’est long et assez roulant, je reprends ma petite foulée économique de tout à l’heure. Après quelques minutes d’effort j’arrive au sommet, le trou est plus petit que j’imaginais, seulement quelques dizaines de mètres mais le groupe a explosé. Je n’ai pas de mal à relancer.

Me revoilà sur une petite route, un panneau m’indique le haut Marjon, encore un classique ! On circule entre les champs, je profite de la vue dégagée et de la pleine lune qui permet de voir le paysage, une première pour moi ! J’arrive en ville, la portion bitumée est un peu longuette mais il y a un peu de monde sur le bord de la route, ça aide à passer le temps. Je guète les panneaux pour ne pas manquer une intersection. J’aperçois un coureur au ralenti un peu devant, étrange… Il a un dossard vert de la saintexpress ! Je lui demande si tout va bien et lui souhaite bon courage pour la suite. Voilà le petit rond-point de Soucieu, encore quelques foulées et je serais dans le gymnase !

C’est le moment de faire le point. J’ai la patate même si je sens que je vais être moins tranchant dans les montées. Je n’ai ni faim ni sommeil, j’ai bu une flasque complète et à peine entamé la seconde. Le prochain ravitaillement est à 10km et sera très roulant. Je n’ai pas bu beaucoup, la prudence voudrait que je recharge mais j’ai peur de m’arrêter et de couper ma bonne dynamique, d’autant plus que je sens que mon ventre n’est pas dans les meilleures dispositions cette nuit. Moins je m’alimenterais, mieux ce sera pour lui. Il faut juste espérer que j’aurais assez de réserves et que je ne cramperais pas. Je vais passer tout droit au ravito et je ferais un nouveau point à Chaponost.

Je remercie les bénévoles en traversant le gymnase et repart sur les routes pour sortir de Soucieu. Cette portion n’a aucun intérêt mais, je ne sais pas pourquoi, je l’aime bien. Sans doute parce que j’ai souvent de bonnes sensations ici, on bascule dans la seconde partie de course, il n’y a « plus que » 20km et j’ai généralement une bonne idée de l’état dans lequel j’arriverais. Je remercie les bénévoles que je croise et leur demande s’ils n’ont pas trop froid. Ils ont globalement l’air assez content d’être là. J’ai quand même froid pour eux… Leur nuit va être plus longue que la mienne.

Encore un classique, la petite descente vers le Furon, toujours aussi piégeuse, je passe sur la planche qui traverse le ruisseau et c’est reparti en direction du Garon! Je suis assez surpris, il fait toujours froid et humide dans cette zone mais cette année je n’ai rien senti.

La portion de route après la sortie de Soucieu est plus longue que dans mon souvenir, je ne la reconnais pas. Je commence à me demander sérieusement si je ne me suis pas perdu. Personne devant, personne derrière. Je songe à faire demi-tour quand j’aperçois un panneau. Ouf !

Me revoici sur un chemin, direction le Garon. Ce n’est pas la descente habituelle, je reconnais les sentiers de feu la nuit de la Saint-Jean. La descente est douce et demande pas mal de relances. Je suis en train de remonter sur un coureur et j’aperçois une frontale de l’autre côté du Garon. Je ne suis plus seul ! J’arrive sur la petite passerelle métallique qui n’est pour une fois pas glissante. Je ne cours pas dessus, question d’habitude, et je repars en chasse. Je récupère un coureur dans le dur puis reprend le deuxième qui avance mieux mais a l’air de commencer à avoir du mal. Plutôt que de prendre l’ancienne montée qui attaquait directement après la passerelle nous empruntons cette année la petite route qui part en direction de Brignais. Encore des souvenirs de la nuit de la Saint Jean… Moins bons ceux-là ! Cette route est interminable…

Je rattrape deux dossards verts en train de marcher qui veulent abandonner, ils me demandent si le prochain ravitaillement est loin. D’après mes estimations il doit rester 4km, je leur souhaite bon courage pour la fin. Un bénévole attend un peu plus loin, ils pourront se faire rapatrier sans marcher trop longtemps. De mon côté je guette le prochain virage vers le sentier des lapins, la dernière grosse montée que je redoute. Elle finit par arriver après encore 500m. Je suis presque content de grimper un peu tant cette ligne droite était longue et pénible !

Je ne sais pas ce que les lapins viennent faire sur ce sentier mais ils doivent avoir de bonnes cuisses, ça grimpe sec ! Pas question de courir dans celle-ci, je marche la majorité du temps et relance sur quelques mètres pour avoir l’impression de ne pas être au point mort. Je me sens un peu sec lors du retour sur le bitume, je relance moins fort que jusqu’à présent.  Encore 12km, je sirote un peu ma flasque mais je sens que le ventre a son compte. A force je commence à le connaître : froid + vitesse = ça ne passe pas ! Je régurgite un peu, j’espère que ça va tenir…

La portion roulante qui suit me permet de récupérer une bonne foulée autour de 13km/h. C’est plus poussif qu’au début mais après 34km c’est normal. Un coureur me dépasse et me demande si ça va. J’ai l’air en si mauvais état que ça ? Je prends sa roue, nous traversons Chaponost sur un bon rythme et traversons le gymnase sans nous arrêter au ravitaillement. L’idée d’avaler quelque chose ne m’attire pas mais je regrette très rapidement de ne pas avoir repris un peu d’eau, ça m’aurait peut-être fait du bien.

La traversée du parc du boulard est toujours aussi roulante et passe très bien, ma montre m’indique un 35ème km en 4’18, ça me remonte le moral. Un peu moins de 2h47 de course et il ne me reste plus que 9km. Sauf gros pépin c’est gagné pour passer sous les 4h, les 3h45 sont largement jouables. Si tout se passe bien je devrais terminer entre 3h35 et 3h40, génial ! Petites ombres au tableau, mon genou gauche commence à me faire bien mal et je commence à avoir sommeil. J’ai du mal à analyser la douleur en courant, j’espère que ce n’est pas grave mais ça ne m’empêchera pas de terminer.

Le kilomètre qui suit avec sa petite remontée me donne un peu de fil à retordre, le coureur qui m’a dépassé avant le ravito me décroche définitivement et je commence à avoir du mal à pousser. Le rythme ne baisse pas mais les sensations se détériorent rapidement. Je commence à compter les kilomètres… Je dépasse les derniers de la saintésprint, je me sens un peu moins seul, c’est déjà ça ! Nous nous encourageons mutuellement, ça fait du bien !

Si j’avais du mal dans la montée, j’en ai encore plus dans la descente où je me traine littéralement. Mon genou est en surchauffe et je commence à avoir mal à la hanche gauche. Les descentes et le bitume commencent à me rendre la vie dure. Je regrette presque de n’avoir quasiment pas couru sur route cette année… J’essaie de guetter la montées des aqueducs mais de nuit j’ai du mal à la repérer. Je prends mon mal en patience               jusqu’à enfin croiser le panneau qui m’annonce l’arrivée à 5km. La montée me fait face ! Encore un peu de descente, mon genou et ma hanche me lancent vraiment à présent mais je me raccroche à l’arrivée toute proche et à mon classement qui doit être excellent. Un bénévole m’a annoncé un peu plus tôt que j’étais à la 13ème place. Si je ne coince pas trop le top 15 semble tenable !

Je traverse la route et profite de la vue sur l’aqueduc avant d’entrer dans le vif du sujet. Des dames qui font la saintésprint en marchant s’épouvantent devant la monté qui nous attend. Je manque sérieusement de jus mais j’essaie de courir un peu dans cet avant-dernier mur. Le seul point positif est que je sens que je pourrais pour une fois passer sans prendre de crampe. En revanche la douleur dans la jambe gauche et la fatigue me forcent à marcher. Je dépasse quelques saintésprinteurs bien fatigués et parvient en haut de la première partie de la montée. Le corps proteste mais je le force à relancer tant bien que mal dans la seconde portion plus roulante, c’est dur… Je retrouve le sourire avant d’aborder la descente, le signaleur posté ici a garé son scooter avec la musique à fond et est en train de vidanger dans le buisson. Regards gênés.

J’attaque la descente en me faisant dépasser par un coureur qui n’a visiblement pas mal au genou. Je ne suis pas monté bien vite, le cardio est assez bas, pourtant j’ai envie de vomir tout d’un coup. Le combo froid, effort et sucre ne me réussit définitivement pas. Les marches du parc aventure de Ste Foy sont une torture. Heureusement que la descente n’est pas longue, un virage à gauche nous présente l’ultime difficulté du parcours : une côte bien raide mais assez courte (dans mon souvenir). Les saintésprinteuses que je dépasse ont l’air de se trouver au pied de l’Everest. Je me souviens avoir eu la même réaction la première fois, au moins ce coup-là je suis prévenu ! Pas question d’essayer de courir, je mets les mains sur mes cuisses et c’est parti ! Le coureur qui m’a dépassé un peu plus tôt n’est pas très loin devant, je m’accroche. Je me souviens avoir dit à Anne dans la voiture que cette dernière bosse n’était pas longue, j’aurais mieux fait de me taire…

La montée était raide mais j’en avais presque oublié que j’avais mal partout. La descente qui suit me remémore vite ces douleurs… Plus de chemins à présent, plus que des routes cassantes. Il va falloir serrer les dents… Je dépasse toujours des dossards violets, les encouragements me permettent de penser un peu à autre chose.

Nous arrivons à la Mulatière, la petite montée du square passe mieux que prévu, je reprends un dossard vert qui me dit qu’il en a ras le bol, qu’il n’a plus envie de courir. J’essaie de le remotiver, il reste deux bornes à tenir ! Je passe devant un bénévole assis par terre, des barrières sont placées sur la route un peu n’importe comment, je ne comprends pas bien ce qu’il faut faire. Le bénévole crie d’aller en face alors qu’il faut tourner à gauche. Je fais confiance au panneau et je remonte la ruelle. Heureusement que deux saintésprinteuses sont là pour raller à ma place, elles se sont déjà perdues deux fois et semblent bien exaspérées.  Leur mauvaise humeur me fait sourire, c’est bien de trouver pire que soit !

Moi qui me réjouissait à l’idée de finir par de la descente je suis assez déçu, les dernières marches sont un calvaire, je grogne, je gémis, mais je sais que je tiens le bon bout. Je viens de passer le panneau « 1km », même si la distance indiquée me semble farfelue je sais que je tiens le bon bout. S’il n’y a pas d’arnaque je devrais finir sous les 3h40. C’est un peu plus que ce que je pensais en sortant du ravito de Chaponost mais c’est nettement mieux que ce que j’envisageais au départ !

J’arrive enfin sur les quais ! Encore quelques marches à remonter en trottinant et c’est parti pour le passage du pont de l’autoroute. Pour une fois je n’ai aucun mal à faire abstraction de cette horreur, je ne pense qu’à l’arrivée. Ma montre m’indique 44km. Au temps pour le dernier kilomètre ! Le coureur que j’ai remotivé tout à l’heure a repris la course mais est loin derrière moi, je n’ai personne dans le viseur : je peux terminer tranquillement et profiter. Je croise quelques finishers de la saintésprint, veinards… J’arrive devant le musée des confluences, j’avais attendu ce moment avec impatience mais j’ai trop mal pour apprécier. Je commence à entrevoir mon passage sous l’arche, je pourrais enfin m’allonger et fermer les paupières. Encore quelques minutes…

Un coureur de la saintésprint se met à marcher devant moi, je lui dis de ne pas craquer maintenant, l’arrivée est toute proche ! Le conseil vaut aussi pour moi… La passerelle Raymond Barre, enfin ! Un peu plus de 44km au GPS, c’est bien ce que je craignais, le chiffre de livetrail était le bon mais je préférais ne pas y penser… 44,8km… Un virage inédit nous fait éviter de couper la route au milieu d’un carrefour. Ça a beau ne pas être plus long, je ne vois pas la halle, c’est dur pour le moral… Les photographes nous attendent dans la ligne droite, ils ne vont pas être déçus… Impossible de faire le moindre sourire, je n’essaie même pas de sauver les meubles. J’ai mal et ça se verra. Encore un virage et ça y est, elle est là ! J’entends le speaker ! On nous fait encore tortiller pour entrer dans la halle et cette fois c’est bon ! Plus qu’à franchir la petite rampe. Ca monte…  Je suis tellement au bout du rouleau que je termine en marchant, une fois n’est pas coutume. Le speaker m’annonce 13ème, ça ne colle pas avec ce qu’on me disait sur le parcours mais ça reste super. Après rectification je suis bien 11ème comme je le pensais. Ma montre m’indique 4h43, c’est bien. Pas d’euphorie, je suis juste content d’en avoir terminé.

La saison est enfin terminée, plus qu’à se reposer et profiter des fêtes!

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